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Julien Astorino dissèque Dario Argento

Publié dans le Républicain Lorrain du 17 Août 2014 - Joeuf-et-environs

LES GENS À AUBOUÉ

Julien Astorino dissèque Dario Argento

Grâce à internet, Julien Astorino a pu publier son premier livre sans trop de difficultés. On peut acheter un exemplaire (20 EUR) en le contactant au 06 83 01 53 81.
En véritable mordu, Julien Astorino, un Aubouésien, vient d'écrire un ouvrage sur le cinéaste Dario Argento : le maître de l'horreur à la sauce italienne. Avec son livre Voyage au coeur des ténèbres, le jeune homme apporte un regard éclairé sur les films du réalisateur transalpin.
La tête et les jambes. Certes, la formule peut paraître désuète tant elle a été employée mais il n'y a pas d'autres mots pour qualifierJulien Astorino. On connaissait déjà les talents athlétiques du jeune homme de 26 ans pour avoir brillé régulièrement lors des Foulées aubouésiennes ; on devinait moins sa course perpétuelle à la (ré) flexion.
Une tête bien faite et bien pleine : titulaire d'un Master 2 (bac + 5) en lettres et cultures étrangères, Julien Astorino vient ainsi de sortir un livre de près de 200 pages. Pas de théories sur la pratique du sport. Non, le jeune homme d'origine italienne n'a pas résisté à la tentation d'écrire sur son réalisateur préféré. Un compatriote : Dario Argento.
Dario qui ? Pour la grande majorité des mortels, ce nom ne dit rien. Mais pour les purs passionnés, ce patronyme renvoie à l'une des références mondiales du genre fantastique. Pour ne pas dire horrifique même si Julien n'aime pas trop utiliser ce terme. « "Fantastique" a une portée plus générale. Et puis, ça fait moins peur aux gens », sourit l'Aubouésien qui considère Dario Argento comme « le maître de l'horreur italien. Certes, on reste dans le domaine du fantastique mais il a créé son propre genre cinématographique : le Giallo. En italien, ça veut dire jaune et ça renvoie aux couvertures des romans policiers : les romanzo giallo. Mais sous l'égide de Dario Argento, le Giallo est devenu un genre très codifié : les mouvements de caméra sont très complexes, les protagonistes deviennent détectives malgré eux, l'assassin tue sa victime à l'arme blanche, l'identité du meurtrier n'est révélée qu'à la fin du film et on apprend que le mobile du crime est souvent le résultat d'un traumatisme apparu à l'enfance ou à l'adolescence. »
On essaye de casser un peu le mythe d'Argento en soulignant à Julien que les scénarios, en profanes que nous sommes, sont finalement similaires. Avec son enthousiasme de passionné, notre critique cinématographique répond du tac au tac : « Le spectateur, qui devient par la force des choses lui-même détective, est toujours surpris car l'assassin n'est jamais celui que l'on croit. Il arrive que les meurtriers soient des femmes et même des enfants. Des gamins tueurs, c'est très rare au cinéma. » Et l'Aubouésien de conclure sur cette (première) analyse : « Avec Argento, on apprend qu'il faut se méfier de tout. »
Utilisant un langage soutenu, le cinéphile à l'articulation parfaite poursuit en employant des termes conceptuels échappant au quidam. Ce célibataire explique l'objet de son livre, qui répond aux schèmes d'un travail universitaire : « J'analyse l'importance que l'image revêt dans les films d'Argento et comment la notion de fantastique émerge de l'écran. Je mets en avant aussi cet autre aspect caractérisant le cinéma d'Argento : le détail. Avec ses films, on est toujours dans une quête visuelle. »
Euh, une petite explication de texte s'impose. Avec le sourire, ce fils de technicien chauffagiste et de secrétaire de pharmacie reprend : « En fait, on est toujours surpris par l'identité de l'assassin à la fin alors que l'on pourrait la connaître dès le début grâce à un détail que le spectateur loupe à chaque fois. D'où cette notion de quête visuelle. »
Que le profane se rassure : il n'aura aucun mal à comprendre le bouquin de Julien. Lequel apporte une autre vision de ce qui a déjà été dit ou écrit sur le réalisateur transalpin. « J'ai lu des livres, des magazines, des périodiques sur les films d'Argento, pour justement ne pas répéter ce qui a déjà été publié sur lui. » En véritable mordu, le jeune homme n'a eu aucun mal à noircir les pages blanches (de son ordinateur) pour livrer un ouvrage en huit mois. « J'y ai pris beaucoup de plaisir. J'écrivais les week-ends et le soir après le travail. »
Un job en lien avec le monde du cinéma ? Que nenni ! Julien est l'un des employés d'Ecomouv', la société chargée de collecter la fameuse écotaxe. On est bien loin de la magie du 7e art. « Pour trouver du travail aujourd'hui, c'est compliqué. Il faut disposer d'un bagage universitaire afin de donner du poids à sa candidature. Mais je ne regrette pas mon parcours. Passer par la fac m'a permis de parler plusieurs langues. » Et d'entretenir sa soif de connaissances et de découvertes.
Son ouvrage disponible depuis quelques semaines, notre interlocuteur a déjà d'autres nombreux projets en tête : « Je souhaiterais rédiger des critiques cinématographiques sur Roman Polanski et Brian de Palma. Sinon, je voudrais bien m'attaquer à un roman. Ce ne serait pas un giallo mais la revisitation d'un mythe grec sur fond de quête spirituelle et métaphysique. » Julien Astorino, la tête et les jambes...

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